Le contrôle comme levier du management : champs et limites

Conférence réalisée en Septembre 2017 lors de la semaine de l’encadrement pour les Hôpitaux du Var à l’hôpital San Salvadour (Hyères)

Les directeurs de soins rencontrent des enjeux importants de sécurité et de maitrise des pratiques soignantes. Confrontés à l’inflation de normes, le souci de vérifier la conformité des pratiques est prégnant dans les institutions sanitaires et médico sociales.

Le contrôle est une pratique courante du management : vérifier si le travail est correctement effectué, vérifier le respect des normes, des objectifs, identifier les erreurs, faire de l’amélioration continue (et objective) des pratiques…

Le contrôle est une pratique naturelle et attendue : naturelle car c’est celle que tout manager met en place dans une partie de sa pratique, attendue car la hiérarchie est avant tout légitimée par cette pratique.

Hors le contrôle et ses pratiques subit une inflation. Non seulement elle est imposée par les institutions, mais elle semble rentable dans un management formatif, un management qui forme en continu les professionnels aux bonnes pratiques. Dans cette optique, le manager se veut avant tout un vérificateur des compétences, de l’application des bons protocoles, et doit maîtriser et résoudre les problèmes et les risques liés à la mauvaise pratique. Pensé comme cela, le contrôle peut apparaitre comme une panacée.

Mais l’activité professionnelle n’est pas toute entière dans l’application de référentiels, de normes. L’activité professionnelles se veut une invention en situation. Toute activité s’invente chaque jour et chaque professionnel bricole des réponses en fonction des contraintes mouvantes du contexte : sureffectif de patients dans le service, sous effectif de personnel…. autant de circonstances auxquelles il faut s’adapter en continu. Ce champs de l’invention de la pratique est souvent défendu par les métiers relationnels qui savent que la relation ne répond pas à une recette que l’on applique. La relation est un construit différent et inventé à chaque nouvelle rencontre.

L’ambition du contrôle bute sur cette partie de l’activité qui ne peut pas être mise en procédures. Mais le contrôle persévère, s’acharne, et tente de régenter la complexité, maitriser les scénarios…. Si l’ambition est légitime, elle est matériellement impossible à mettre en oeuvre et tout ne peut pas être mis sous protocole stabilisé. L’ambition de contrôler touche ici une limite qui ouvre un autre champ de la pratique professionnelle. Un champs ou le questionnement, l’invention, la discontinuité, l’inattendu a toute sa place et ou la subjectivité devient une valeur et non un obstacle. Ce champs permet de mettre du jeu, du changement, de la respiration et de l’aisance dans un monde rétréci par l’exigence de conformité.

 

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