Adolescents inclassables, quelle innovation éducative?

Conférence réalisée le 30 nov. 2016 pour le compte du Comité départemental adolescent (Comado) – du Conseil du Département des  Bouches du Rhône.

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Le besoin de classifier les adolescents est une nécessité de tout éducateur, intervenant, personnel soignant. Plus généralement ce qui est sous jacent à cette attente de classification, c’est le besoin de savoir quel protocole appliquer pour solutionner le problème. On trouve ce même besoin de classifier dans les métiers de l’intervention : l’expert, connu pour ses savoirs, vient poser un diagnostic et des préconisations. Cette manière d’agir ( le besoin de savoir, le besoin de diagnostiquer, le besoin de clôturer le questionnement pour agir) sont parmi les mobiles les plus fréquents qui appellent les professionnels au contrôle.

La problématique de l’adolescent inclassable, « hors classe » est qu’il interroge le professionnel et les champs de savoir stabilisés qui permettent justement de situer le jeune. Il demande de surcroit au professionnel de se confronter au fait de ne pas savoir et d’apprendre à travailler avec.

La posture du « non sachant » est une des postures de l’éducateur : la posture de l’accompagnateur. L’accompagnateur entretien un rapport au savoir radicalement inverse de celui de l’expert. C’est justement le fait de ne pas savoir qui fait sa force.

En effet, si le savoir clôture un questionnement par la solution « juste » qu’il apporte, ne pas savoir implique justement la promotion de possibles qui sont à inventer. Michel Vial disait : l’accompagnement est une esthétique de l’inconfort.

Le besoin de savoir, de classifier, est rattacher au besoin de se conforter. L’enjeu de sécurité, l’enjeu de stabilisation sont sous jacent à cette demande.

L’accompagnement commence justement quand on explore ce qu’on ne sait pas. Cela relève d’une attitude clinique (la recherche clinique en sciences humaines). Cette posture clinique s’apprend. Elle pose que le chercheur et les personnes qu’il rencontre ( en entretien) vont produire des savoirs, et que ceux cis sont en partie connus et en partie inédit et singuliers. C’est l’attention à cette singularité qui fonde la posture clinique : être attentif à ce qui est différent de ce qui est attendu ou connu.

C’est ici que commence le champs de l’innovation pédagogique. Et c’est ce à quoi renvoient les adolescents et plus généralement les situations inclassables, inouïes, incompréhensibles. Ces situations nous demandent d’innover, de travailler notre rapport à l’inconfort,

Le geste d’innovation est radicalement le contraire d’une recherche de cohérence ou de continuité. L’innovation pédagogique existe à partir du moment ou on ouvre un débat sur le fond, attentif et accueillant de ce qui diverge, de ce qui fait rupture, de ce qui nous étonne ou nous bouscule.

L’innovation se pense justement comme un dé-rangement des certitudes, premier appui de la reproduction du même.

 

 

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